Soupçons de triche sur la puce rivale de l’Apple M3

Les performances des nouvelles puces Snapdragon pour PC pourraient avoir été surévaluées. C’est du moins ce qu’affirme SemiAccurate, qui cite des sources dans l’industrie.

« Qualcomm triche ». C’est en ces mots qu’un billet du site SemiAccurate accuse le concepteur de puces américain à propos de ses nouvelles puces ARM Snapdragon X Elite et X Elite Plus. Pour rappel, elles devraient équiper leurs premières machines cet été 2024.

Qu’est-ce qui est reproché à Qualcomm ?

Depuis la présentation du Snapdragon X Elite, Qualcomm n’a de cesse de crier à qui veut l’entendre que sa puce dépasse la M3 d’Apple. Pour ce faire, Qualcomm affiche régulièrement des tableaux censés démontrer que sa puce est meilleure, en particulier en multicœurs.

D’après SemiAccurate, qui cite deux OEMs (des fabricants de PC) souhaitant bien entendu conserver leur anonymat, « les chiffres qu’ils présentent à la presse » et « aux équipementiers ne sont pas réalisables avec les réglages qu’ils annoncent. » 

Sans donner de chiffres précis, la publication affirme que :

• Les benchmarks réalisés en présence de la presse en octobre 2023 à Hawaï sur des machines de référence assembFSRlées par Qualcomm ne seraient pas représentatifs du produit final ;
• Quelque temps après la présentation en octobre 2023, certains OEMs auraient constaté des performances bien en dessous de ce que Qualcomm a présenté, représentant 50 % du score affiché ;
• Plus tard, Qualcomm aurait légèrement rectifié le tir avec des machines au-dessus des 50 %, mais les performances seraient très éloignées de la promesse initiale.

Plus grave encore, SemiAccurate affirme avoir une source en interne, « les benchmarks étaient truqués, [notre source] nous a expliqué comment ils avaient été fabriqués et nous a dit que Qualcomm en était parfaitement conscient. »

Pourquoi c’est crédible ?

Pour aller dans le sens de SemiAccurate, il est vrai qu’à notre connaissance aucune machine de test n’a été confiée à la presse pour le moment, qu’il s’agisse d’un PC de référence assemblé aux petits soins par Qualcomm ou bien une machine qu’un OEM compte commercialiser cet été.

Or les premières commercialisations devraient intervenir au mois de juin 2024. Il reste encore du temps d’ici là, mais il n’est jamais bon signe de voir un acteur rechigner à confier ses produits à la presse.

En outre, il faut admettre qu’il reste de nombreux points laissés en suspens dans les présentations de Qualcomm. Nous avons été par exemple choqués du peu d’informations portant sur le GPU, ou encore de l’agencement des différents cœurs du CPU.

Pour l’anecdote, il y a quelques jours, nous avons pu essayer quelques jeux sur une machine assemblée par Qualcomm, et juste avant la présentation, l’un des journalistes demandait si leur puce supportait le FSR d’AMD. Cela reste un détail, mais personne dans la salle n’était en mesure de nous répondre. Il a fallu vérifier en jeu dans les réglages pour s’apercevoir que le FSR fonctionnait bel et bien.  Nous nous trouvions pourtant en présence de Kedar Kondap, vice-président senior et directeur général du pôle informatique et jeux. Si cela ne tend pas nécessairement à démontrer que la puce manque de puissance par rapport aux promesses, nous pouvons au moins souligner une certaine impréparation.

De même, à cette même occasion, les différentes personnes chargées de présenter la puce n’étaient pas en mesure de communiquer le TDP, ou l’enveloppe thermique) des puces présentées. Un point particulièrement étrange, puisque le TDP définit par exemple la puissance théorique d’une machine ou encore son besoin en système de refroidissement. Plusieurs journalistes ont eu beau revenir à la charge, impossible d’obtenir un TDP de la bouche de Qualcomm.

Pourquoi il faut encore attendre avant de juger le Snapdragon X

Malgré le manque de détails, nous avions pourtant été plutôt convaincus par les machines que nous avions vues. Pour la première fois, nous avions face à nous une tentative réussie d’émuler des applications X86/X64 sur des puces ARM.

Mais attention, encore une fois, il s’agissait de machines de références assemblées par Qualcomm. En outre, ces machines nous ont paru assez épaisses et semblaient équipées d’un système de refroidissement assez avancé. Peut-être est-ce justement cela le sujet qui coince auprès des OEMs ?

Rappelons qu’il s’agit d’une première génération de puce. À cet égard, il apparait juste de laisser à Qualcomm le bénéfice du doute si quelques OEMs se plaignent. En revanche, si au lancement les performances ne sont pas au niveau promis, à savoir supérieures au M3 d’Apple, il y aura de quoi faire la soupe à la grimace.

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Source : SemiAccurate